[Ailleurs] Aux frontières du Royaume.

Aube, 20ème jour depuis le départ de Ruine

Sa première réaction avait été de chiffonner la missive.
Mais avant de lancer la boule de papier sur la tête du chat endormi sur la commode, il s'était repris, avait calmement déplié le parchemin pour le relire.

C'est cette naive prétention, cette innocente suffisance qui avait fini par le convaincre. On ne pouvait pas être aussi outrecuidant si on n'était pas aussi sûr de soi.
Ma réputation franchira les frontière... Rien que ça...
Le bâtard, c'est vous ... Et insultant en plus.
Rodomontades ou calculs politiques, ça avait marché.
Il avait fini par suivre les indications de la lettre.

Voilà pourquoi cela faisait presque trois semaines qu'il avait quitté Ruine. Il avait confié la gestion du domaine à son chambellan en toute confiance. Il n'avait aucun doute sur sa dévotion....

Il avait longtemps hésité. Partir par la mer ? Voyage long mais qui avait l'avantage de lui permettre d'éviter ses semblables.
Traverser le Royaume ? Plus rapide mais avec des arrêts de courtoisie chez certains membres de la famille obligatoires...
Finalement, c'est le manque d'informations qui lui avait fait choisir la seconde solution. Ses cousins auraient peut être des précisions à apporter sur l'étrange lettre qu'il avait reçue.

Il avait fait atteler le carrosse, choisi une escorte de quelques hommes. Il était hors de question que le Seigneur de Ruine voyage seul sur un cheval jusqu'à avoir le cul tout corné. Qu'importe la lenteur, le décorum avant tout.

Ca avait été 20 longs jours, ennuyeux et monotones. Le paysage qui défile alors qu'on est assoupi sur le siège de velours, les pieds posés confortablement sur la chauffeuse, bercé par la houle du carrosse..
L'accueil poli et respectueux mais sans aucune chaleur des autres seigneurs. Les informations recueillies, contradictoires et éparses.

Et en cette aube du vingtième jour, il se trouvait à la frontière du Royaume.
Il se tenait debout, enveloppé dans une lourde pelisse de loup. Quelques lieues devant lui, sitôt le bosquet dépassé, commençaient les terres mortes. Et ensuite ? Quelle serait la route à suivre ? Ce château dont différents suzerains avaient fait mention ?
Melassën - Kast...
Et dans quel dessein ?

Il avait horreur de toutes ces inconnues. Mais en même temps, il devait bien s'avouer que ça le distrayait....
Avec un soupir amusé, il fit signe à son escorte de se remettre en selle.
Les terres mortes. C'est la première fois qu'il y pénétrait.
Peut être y trouverait-il certains savoirs, certaines réponses.

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Les Terres Mortes portaient toujours leur nom à la perfection, même si la dernière grande Bataille remontait à plusieurs décennies. La Nature avait toujours le même mal à reprendre place et droits, la faute aux monceaux de cadavres qui avaient certainement étouffé dans l'oeuf toutes les tentatives des plantes pour recoloniser l'espace. A ce jour, les os blanchis avaient été lentement déplacés par les vents qui balayaient ces lieux ouverts, et formaient la plupart du temps de petits agglomérats funéraires.

La route, quand à elle, se traçait au petite bonheur la chance, entre les dunes et les fossés, zigzaguant pour éviter au mieux les obstacles. Et plus loin, juste sur le bord des lieux, un petit feu de camp avait été installé. Autour, une douzaine d'hommes et de femmes habillés salement, mais solidement. Leurs armes étaient posées à même le sol, et ils observaient attentivement la carcasse d'un sanglier en train de cuire. L'un des hommes s'occupait de tourner lentement la viande afin d'exposer la moindre parcelle de chair à la voracité des flammes.

Lorsque le bruit du petit convoi Seigneurial approcha, deux d'entre eux se rapprochèrent clairement de leurs armes. Les autres ne bougèrent pas. Les désignés gardes se lèvèrent, prêts à riposter à une éventuelle attaque. Mais ne passèrent pas à l'offensive.

Décidément, il n'aurait pas du se tenir ainsi si longtemps dans le vent froid de l'aube.
La douleur commence à se faire sentir. Il la sent, languide, ronger tendrement son coude, hésitante à filer vers son poignet ou grimper vers son épaule. Plus tard, il le sait, il aura l'impression que son bras prendra la consistance du bois vitrifié. Plus tard, il le sait, il aura vraiment mal.
Pour l'instant, il est juste grognon.

Alors, quand le chef de ses gardes tapote la vitre du carrosse d'un doigt ganté, penché sur l'encolure du cheval, quand il aperçoit le nuage gelé qui s'échappe des naseaux de la monture, il n'a absolument pas envie d'ouvrir la porte pour savoir ce que lui veut le soldat. Mais devant l'insistance de l'homme, il frappe contre la cloison sur laquelle s'appuie le cocher et, une fois l'attelage immobile, consent, emmitouflé dans sa pelisse, à descendre voir de quoi il s'agit.

Ils étaient à quelques mètres du convoi, les traits émaciés et l'air tranquille. Seuls deux d'entre eux avaient saisi leurs armes. Ca suffit à le rassurer.
Il en avait connu beaucoup, des comme eux, fuyant les terres mortes et pensant trouver refuge, paix et prospérité à Ruine. Il les laissait venir. A quoi bon les chasser ? Ils finissaient toujours par repartir, tôt ou tard.

" Voulez vous que j'aille leur parler, Seigneur ? " demande le chef de l'escorte.
Répondant par un geste de négation de la main, Nexus s'avance vers le groupe, faisant mine d'ignorer les deux hommes en armes.

" Bien le Bon jour à vous, bonnes gens. Je me nomme Nexus. ...
Et je ne sais où je vais. "
Ceci dit avec un haussement d'épaule.

Voilà qui a le mérite de la franchise. Renseignez vous en chemin disait la lettre.

" Vous n'êtes apparemment pas de ces gueux qui se livrent au brigandage et au pillage sur les honnêtes voyageurs.... Etes vous en quelconque mission en ces terres ? "

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Les deux hommes attendaient, la main sur la garde de leurs épées. Ce fut un troisième, assis au centre, qui leur intima d'un regard de baisser la garde. Il se leva à son tour. Tous les autres le regardaient religieusement.

Bonjour à vous, Seigneur Nexus. Si la survie est une mission, alors oui, nous en sommes.

Sa voix était rauque et grave. Il paraissait petit, mais aussi large que haut.

Notre situation, vous le voyez, est plutôt satisfaisante. Si nous avions été affamés, nous n'aurions pas forcément pu nous empêcher de nous repaître de vos chevaux.

Un demi-sourire ironique marquait perpétuellement ses traits burinés.

Nous sommes des errants, chassés de l'un ou l'autre des quatre Territoires. Aussi, nous arpentons les Terres Mortes. Ce n'est pas l'existence la plus aisée qui soit, mais nous sommes mieux à treize ici que seuls dans une contrée quelconque.

Le reste de sa petite troupe eut des regards de bravoure, montrant qu'ils étaient fiers de survivre dans des lieux aussi hostiles.

Mais vous, Seigneur Nexus, que faites-vous donc par ces chemins ? Chassez-vous l'un d'entre nous ? Cherchez-vous votre route ?

Chercher l'un des votres ?! ....
Il n'a pu retenir l'exclamation tant l'idée lui parait absurde... Lui, Nexus, devoir souffrir du froid à crapahuter sur des ornières boueuses pour récupérer un serf ?
Mais après tout, il est fort possible que d'autres seigneurs se livrent à ce genre de chasse s'ils ont un besoin urgent de volontaires....

.... Non... Je comprend votre question, vous avez du deviné de quelle province je viens, n'est-ce pas ?

L'homme se contente d'un hochement de tête et d'un demi sourire pour toute réponse.

Non, n'ayez pas d'inquiétudes à ce sujet. Jamais soldats de Ruine n'ont pourchassé l'un de mes gens récalcitrants.... S'il y en eut... Je m'assure toujours, quand j'ai besoin d'aide, de ne choisir que des gens heureux de m'assister....

A son tour de sourire d'un air narquois.

Mais en effet, je cherche mon chemin. Vers mon destin, peut être guidé par une chimère ? Qui sait ? Mais en ces temps troublés, qui sait où le vent des rêves peut nous mener...

Où me conseillez-vous d'aller, Sire l'Errant ? N'êtes vous point le plus apte, après tout, pour m'indiquer ma route ?

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Sire Errant. Ce nom me sied. Habituellement, on me nomme Laï le sauvage.

L'homme sourit pleinement d'être confronté à un interlocuteur ayant de l'esprit.

Je ne vous ferai pas l'injure d'imaginer quoi que ce soit sur votre vie, qui ne me regarde en rien. Et puis, chaque famille trouve ses raisons pour chasser des hors-la-loi comme nous. Le sport, l'enrôlement, la vengeance...à nous seuls, nous formons un concentré de rancunes impayées.

On n'aurait su juger si c'était la fierté ou le regret qui pointait dans sa voix.

Enfin, je vous dirais que nous ne sommes pas gâtés question chimères, ces derniers temps - et le Destin nous en garde. La vie est paisible. Vous savez, je suis le seul élément inamovible dans cette bande. Les autres vont et viennent, plus ou moins longtemps. Si vous voulez des informations fraîches sur la vie extérieure, il vous faudra leur demander. Choisissez. Vous présentez bien, vous avez de l'esprit, cela m'étonnerait qu'ils refusent de répondre, quoique je ne réponde en rien de leur comportement.

Il se retourna, et énumèra les noms des différents membres.

Voici Lila, Jhos, Tal d'Urbi, Zanthi, Clépios, Hasp, Mouvant, Sandre, Méolie, Desdrin, Soc, Le Brûleur et Géo.

Le Seigneur de Ruine sent la tension des gardes derrière lui se relâcher. Il perçoit même quelques commentaires murmurés.

Laï le Sauvage (quel titre !) venait de terminer son énumération.
Le hasard encore. Ou le Destin. Ou ce qu'on voudra... Qui choisir ?Qui interroger ? Et que demander ?

Il scrute les visages émaciés zébrés de trainées sombres, les yeux brillants, les peaux grises, les cheveux hirsutes. Que cherche-t-il ? un signe de sympathie ? Un indice d'une secrète connaissance ? Géo semble l'homme tout indiqué pour demander son chemin mais...

Ce sont les flammes qui le décident. La douleur commence à enlacer son genou et il ne peut s'abaisser à demander à se faire inviter. Alors il s'approche du feu, en quête de chaleur. Celle qui se tient prêt du foyer, partageant son attention entre le sanglier et lui s'appelle, d'après le chef, Méolie. Autant commencer par elle.

Demoiselle ? Puis-je vous demander quelque assistance ? Je saurais me montrer généreux.... J'ai ouï des rumeurs de préparation de guerre. . Avez vous des renseignements à ce propos ?
On m'a aussi parlé d'un château... Melassën Kast, je crois.. Y êtes vous déjà allé ?
Il hésite, tentant de se remémorer les termes exacts de la lettre..
Un endroit blanc ? Connaissez vous un endroit blanc dans les parages ?
Voilà ne question stupide qui n'allait pas le mettre en valeur... Bah, ce n'etaient là que manants fuyards....

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

L'appelée tourna la tête dans la direction du Seigneur. Une femme d'âge mûr, solide, aux cheveux noirs comme le jais. Elle le dévisagea longuement, comme pour essayer de comprendre ce qu'il avait derrière la tête. Puis elle se remit à fixer l'âtre improvisé.

Melassën... je n'y suis jamais allée. C'est plein Sud par rapport à ici, mais vous pouvez contourner pour passer par les Terres des Bruns, moins hostiles.

Elle mit ses mains près du feu pour les réchauffer.

Je n'ai jamais entendu dire qu'il y'aurait un endroit blanc, par là-bas...ce que je sais, c'est que c'est un des Kasts les plus solidement gardés. On dit que sa bibliothèque est une des plus impressionnantes du monde, et que des ouvrages immémoriaux y sont entreposés. Pour le reste bah...c'est une place-forte, voilà tout.

Elle regarda Nexus.

Il y'avait une légende, un sortilège qui empêcherait les livres de sortir de la bibliothèque. C'est pour celà que tout serait si parfaitement préservée.

Elle attrapa un bout de viande qui avait enfin adopté la couleur qu'elle voulait, et mordit dedans avec appétit.

En tout cas, je ne sais pas qui est le Seigneur Melassën actuel. Je sais juste qu'il y'a un tas de bandits qui se sont regroupés autour, ces derniers temps. Soyez prudent, vous et votre escorte.

Tout en écoutant les réponses données d'un ton bourru, il a tendu ses mains vers les flammes, goutant la chaleur cuisante combattre la froide douleur, sentant presque l'odeur de la laine brulée.
Lorsque la femme se tait, il reste silencieux, triant les informations.

Melassën...Une des bibliothèques les plus impressionnantes du monde...
Evidemment, c'est tentant. Le savoir est toujours tentant... Mais il sait aussi, il en a toujours eu l'intime conviction, que les réponses à ses questions ne se trouvent pas dans la pages froissées de quelque grimoire oublié. Alors, à quoi bon ?

Mais là où il y a les livres.... Il y a les érudits. les assoifés de connaissances... Et eux, peut être, auront la réponse.... Surtout si il y a... comment déjà .
un sortilège qui empêcherait les livres de sortir de la bibliothèque...

Melassën?.... Pourquoi pas ?....
Soit.
Que faire maintenant ? Interroger d'autres errants en quête de plus de renseignements ? Auront-ils vraiment les réponses ? Et son escorte s'impatiente. Il faut soit partir maintenant, soit ordonner une halte... Et partager alors chaleur et vivres avec les gueux....
Il se décide brusquement.

Merci pour les informations.
Lieutenant ?! Offrez donc un de nos tonnelets à ces braves. il agrémentera joyeusement leur repas...
Dame Méolie. Sire Sauvage.... Je vous suis gré de votre accueil. Il me faut maintenant repartir... Peut être nous retrouverons nous, ailleurs....

En route, soldats !!

Sur le point de monter dans son carrosse, il se tourne une dernière fois vers la troupe famélique, pris d'une impulsion subite
:
Puis-je vous vous être utile de quelque manière ? Avant que nous nous séparions ?

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Sire Sauvage reprit la parole.

Le plus grand plaisir que vous puissiez nous faire, c'est de nous oublier sitôt repartis. Nous ne voudrions pas qu'un mercenaire quelconque se mette en tête de jouer au chasseur de prime. Ce tonnelet est déjà plus que satisfaisant.

Il se tourna vers sa troupe, et ajouta brusquement.

Ah oui, un détail important...êtes-vous, ou n'êtes-vous jamais passé par ici ? Cela peut être déterminant si nous croisons d'autres voyageurs avides de renseignements...

Le Soleil était à son Zénith, pas l'ombre de la queue d'un nuage, même pas un petit blanc. Un sentier rectiligne qui s'enfonçait droit dans les Terres Mortes, et une route secondaire qui bifurquait vers l'Ouest et la Terre des Bruns, tracée tout autant à la règle, voilà ce qui s'offrait à la vue de la petite caravane.

Voilà un souhait qui sera facilement exaucé !
Quant à savoir que dire à ceux qui pourraient vous questionner... Même si je ne pense pas intéresser quelqu'un au point qu'on vous interroge à mon propos, ne dites rien. Dans le doute, abstiens toi, comme dit le dicton...
Sur ce, adieu et que la lumière vous soit propice.

Il ouvre la porte du carrosse, fait signe à son chef d'escorte de le rejoindre. Quelle route prendre ?
Qu'avait dit la femme déjà ?
mais vous pouvez contourner pour passer par les Terres des Bruns, moins hostiles....
et
....un tas de bandits qui se sont regroupés autour, ces derniers temps. Soyez prudent

Le petit aperçu des Terres mortes lui suffit pour l'instant.

Kreljin ?! En route pour le Kast de Melassën. Nous irons par la Province des Bruns. Cap à l'ouest donc et pas de halte avant la nuit. Nous avons suffisamment perdu de temps.

Ces mots prononcés, il entre dans la cabine du carrosse, retrouvant avec plaisir la douce chaleur diffusée par la chauffeuse et le velours moelleux des sièges.

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

La traversée commence sans encombre, les paysages désolés étant rapidement remplacés par des terres plus fertiles et surtout plus peuplées. Les petits villages se succèdent, tous plus banals les uns que les autres. La campagne est rase, le relief est presque absent dans cette région.

Puis enfin, vient une forêt, touffue. Un paysan non loin a indiqué que c'était le chemin le plus court pour aller au Kast. Bien sûr, il est possible de faire le tour par les falaises d'argile, mais dans ce cas, il est hors de question d'arriver dans la journée. Justement, voici l'intersection, à l'orée des bois.

Le capitaine demande à son maître.

Qu'est-ce que vous préférez, Seigneur ? Moi, cette forêt ne m'inspire pas.

Son second parle à son tour.

Moi, c'est plus la nuit dans cette contrée qui ne me rassure pas tellement...

Face à ce dilemme, le choix est rapidement fait : hors de question de passer une nuit de plus à bivouaquer. La douleur se répand, la fièvre guette, fourbe, il se sent proche d'une crise. Et dans cet état fébrile, il préfère encore un ost au complet de bandits armés qu'une nuit humide.

Par la forêt, Capitaine, par la forêt. Qu'on soit entre quatre murs de pierre cette nuit à déguster de la cervoise devant un feu où cuisent rôts et viandes....

Avec un soupir, le chef acquiesce et fait signe à ses hommes de poursuivre vers le bois.
Fermant les yeux, Nexus se radosse au dossier du siège.

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Les bois s'obscurcissent, mais sans entraver l'avancée de la petite caravane. Le jour est encore là, et la luminosité n'a pas atteint un seuil critique. Mais les hommes paraîssent inquiets. A un moment, le capitaine dérange une fois de plus son Seigneur.

J'ai vu quelque chose bouger devant, mon Seigneur. Devons-nous nous arrêter, ou faisons-nous comme si de rien n'était ?

Les mains commencent à se crisper sur les armes.

le glissement des roues sur l'humus du chemin, le souffle des chevaux et le cliquetis des harnais, les claquements de langue du cocher, le crissement des insectes dans les fougères, la lumière verdatre du sous bois l'a plongé dans une espèce de torpeur rêveuse lorsque le chef de son escorte l'interpelle.

Il sent ses hommes inquiets, apeurés même et fatigués. Certains n'avaient jamais quitté Ruine jusqu'à aujourd'hui.

Continuons mais avec prudence. Armes au clair. Au centre du chemin. Au pas.

Jusqu'alors, le voyage s'était déroulé sans encombre...

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Une flèche jaillit silencieusement, et l'homme de tête tombe, touché à la gorge, s'effondre, la main toujours crispée sur la garde de son épée. Quelques silhouettes apparaissent, plus loin, sur le chemin, et se placent en posture guerrière. Sur la droite, d'autres formes semblent s'agiter dans les fourrés, notamment une dont la voix résonne.

Vous n'avez pas besoin d'une si grande escorte, monseigneur...

Et l'armée des ombres passe à l'attaque, fauchant les jarrets et tranchant les chairs. Seul le véhicule seigneurial est épargné.

Il s'attendait à une troupe armée et montée et voilà que de vulgaires coupe jarrets lui déciment son escorte. Ses gardes, malhabiles sur leurs montures, ne peuvent se mouvoir librement. Face aux dagues, aux mouvements vifs des bandits, ses soldats meurent l'un après l'autre.

Interdit et sans réaction, il voit par la fenêtre du carrosse ses hommes tomber, désarçonnés et occis par des ruffians crasseux.

Il se ressaisit, trop tard, et hurle alors au cocher en frappant contre la cloison :
Au galop ! Va ! Va ! fouette ! fouette ! Fonce dans le tas et ne ralentis pas" Pas de quartier

Il sait qu'il doit utiliser son seul avantage : un attelage et un lourd carrosse face à des hommes à pieds. Qu'il franchisse le barrage humain devant lui et il sera hors d'atteinte. Même s'ils ont des montures, le temps qu'il montent en selle et il sera loin.

Secoué par les cahots de la calèche qui s'ébranle et prend de la vitesse, il attend avec appréhension et excitation la rencontre avec les silhouettes dressées devant lui.

» [Ailleurs] En route...
» [Ailleurs] Un village
» [Ailleurs] Le chemin du retour