[Ailleurs] Un village

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

Je souris doucement.

Non, bien sûr que non.

Puis je réfléchis à ses paroles, et tout à coup les bois me paraissent moins accueillants dans la lumière qui décline.

Vous pensez qu'il y a déjà des raisons de ne pas se sentir rassurés ?...
Au fait, est-ce que vous compter vous arrêter pour la nuit ? Ce serait peut-être prudent que je vérifie votre plaie...

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Ne pas être rassurés ?

Il hésite.

Je ne sais pas. Je vais vous dire, les maraudeurs, autour du château...ils m'intriguent. J'ai l'impression qu'ils n'attaquent que les gens qui partent. On n'a encore accueilli aucun blessé, au Kast...

Il frotte sa main contre sa joue mal rasée.

Quand j'ai dit ça aux autres, ils m'ont dit que j'étais fou. Reste que c'est bizarre.

Puis un élancement lui rappelle qu'il est à peine convalescent.

Je vous préviendrai, quand ce sera insupportable. Mais il faut avancer, sinon Svan n'aura pas la moindre chance de s'en sortir.

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

J'acquiesce et je me tais.
Que dire ?
il ne délire pas, ses yeux n'ont pas l'éclat de la fièvre. Mais ce qu'il dit n'a aucun sens. Ou si ça a un sens...

Mais non.
Aucun sens, point.
Ma monture bronche. Toute vieille qu'elle est, elle sent mon anxiété, elle y réagit. Le tapote son encolure en lui murmurant un encouragement. J'essaie de me détendre... Je répète dans ma tête le nom de toutes les plantes que je connais, par ordre alphabétique, et chaque fois que je me trompe, je recommence, encore et encore... C'est ce que je faisais pour m'endormir, pendant que je fuyais... 'est ce que je faisais pour vider ma tête de ma peur et de ma peine...

Ca marche encore...
Bercée par le balancement de ma selle, je m'assoupis....

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Luk s'aperçoit que sa compagne dort presque. Il se dit que soit c'est du chiqué, et il vaut mieux qu'il se taise, soit c'est vrai, et il vaut mieux aussi qu'il la ferme. Il reprend donc la tête et se place juste devant Shalfaz, pour pouvoir guider les deux montures à la fois.

Ce n'est qu'au bout de sept heures, alors que la nuit est noire, qu'il réveille la dormeuse. Il a allumé une torche, entre temps.

Réveillez-vous ! C'est près d'ici que j'ai été attaqué. Je m'en voudrais que vous soyez blessée parce que vous êtes vulnérable. Tenez.

Il allume une deuxième branche, qu'il avait glissée à sa ceinture.

C'est pour vous. Si la moindre chose vous paraît suspecte, accélérez. Je tiendrai le rythme.

La question est de savoir ce qu'il entend par "suspect". Les frémissements dans les fourrés, à gauche, alors qu'il n'y a pas de vent ? La lueur étrange dans la forêt, de l'autre côté ?

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

Hein ? ... Euuuuh... Oui... Pardon...

Je clignote des yeux comme une idiote, il fait encore nuit noire... Combien de temps ai-je dormi ? J'ai du mal à retomber dans une réalité, le mouvement du cheval, je rêvais, je crois, un visage doux et un sourire qui chantait, et... Réveille-toi, Shal. Réveille-toi !

Je m'ébroue, reprends les rènes de la vieille Lea, je saisis la torche qu'il me tend, son éclat me fait plisser les yeux... Je recule de bras gauche vers l'arrière, la lumière me gênera moins.

Je sursaute. Un bruit. Et...
L'anxiété me noue les entrailles... Je ne suis pas vraiment une combattante, je fuis les problèmes autant que faire se peut, et je n'ai jusqu'à présent tué que pour me nourrir, une seule fois pour me défendre, mais c'était un animal...

Est-ce que Melassën Kast est encore loin ?

J'ai quasi soufflé ma question...
Et j'espère qu'il va répondre non...
Et qu'un bon galop nous mènera aux portes.
Et puis des murailles.
Oh oui...

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

A ce rythme ? On devrait y être après la tombée de la nuit prochaine...

Luk semble pensif, mais un hochement de tête le convainct lui-même du bien-fondé de ses suppositions.

Pas d'inquiétude, l'essentiel du chemin se fait en plaine. La forêt ne recommence qu'à une quinzaine de lieues du Kast. Autrement dit une heure à peine.

Comme pour illustrer ses dires, le bois perd en épaisseur, les arbres s'espacent, et les reflets de la lune se mettent à pointer à l'horizon, elle auparavant invisible.

Dites, cette lumière, là, à droite...vous avez une idée de ce que c'est ? Simple curiosité.

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

Mais il a de ces questions, lui !!!!!! C'est sa région, pas la mienne ! Alors il m'éveille et il me flanque la frousse, et puis il m'interroge comme si il y avait la moindre chance que je sache quelque chose de sa lumière ?

Non, aucune idée.
Et je ne suis pas curieuse au point d'avoir absolument envie de le savoir...
Par contre ce froissement à gauche, je serais d'avis qu'on s'en éloigne...

Léa bronche et trottine en biais. Elle s'énerve. J'ai peur et elle le sent...

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Luk tourne la tête. Il s'arrête et tend l'oreille. Puis, brusquement, descend, étouffe un cri de douleur, et entre dans le fourré en tenant sa torche au-dessus de la tête. Il parle à voix basse.

Ne vous inquiétez pas... je reconnais un bruit.

Puis il s'enfonce encore un peu. La lumière s'immobilise, il l'a calée dans une branche en Y. On entend quelques bruits, puis il reprend son bout de bois enflammé, et revient vers les deux montures, avec une forme qui bouge dans les bras. Sa voix n'a pas augmenté.

Il y'avait un lapin dans un piège. Je l'ai ramené. Soit vous le soignez, soit on le garde pour la route demain. Ce qui m'inquiète, c'est que s'il y'a un lapin, il y'a des chasseurs dans le coin.

Il remonte sur son cheval, et fait signe à sa camarade de reprendre la route. Il paraît un peu plus nerveux.

Normalement, les maraudeurs préfèrent rester au plus profond...pas aux orées...

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

Interdite, je prends le lapin. Une patte brisée dans le piège. Il se débat, effrayé. J'écoute Luk, et j'ai un frisson à ses derniers mots.

Rapidement, d'un geste décidé, je brise le cou du lapin. Pas de manières. C'était un mort en sursis, cette mort-là est rapide et sans souffrance, ça vaut mieux que d'attendre longuement qu'elle vienne... Le petit corps est encore agité de spasme comme je le fourre dans l'une de mes sacoches vides. Ca fera un peu de viande si on fait halte à un moment. Je commence à avoir faim, d'ailleurs...

J'emboîte le pas à Luk, à une demi-longueur derrière lui. J'ai un frisson à ses derniers mots.

Raison de plus pour ne pas traîner...

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

L'homme a acquiescé en la voyant achever la petite bête. Il avait faim aussi, de toute façon. Mais il aurait pu tomber sur une guérisseuse tellement douée qu'elle considèrerait comme criminel de tuer une bestiole pouvant être sauvée.

Il accélère le pas de sa monture alors que de vastes plaines s'étendent à perte de vue. La forêt, elle, s'éloigne. Le jour se lève. Et des signaux de fumée étranges montent de derrière eux. Luk ne s'en rend pas compte, il se concentre sur le chemin à suivre. Il a légèrement pali.

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

Nos chevaux marchent côte à côte, mais mon compagnon semble rapetisser à chaque pas... Il se tasse. Il est pâle. Il a une mauvaise sueur au front. Le jour se lève, nous marchons sans doute depuis 12 heures et il y en a 24 il avait une flèche dans le côté.

J'arrête mon cheval.

Luk, il faut faire halte. Un quart d'heure, pas plus. Je dois vérifier votre pansement, et puis...

Et puis. Sans plus. Pas besoin de faire un grand dessin, quand même ! Il comprendra sans doute. Et de fait, ce n'est pas tout à fait un prétexte...

On en profiterait pour rôtir ce lapin ? J'ai une faim à le manger cru avec la peau !

Je n'attends pas la réponse, j'oblique vers le bord du chemin et je descend de selle.

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Il se retourne vers Shalfaz, mais comprend bien qu'il faut qu'il se repose. Il finit par s'arrêter à contrecoeur, et descend de selle en étouffant un gémissement de plus.

Préparez votre matériel, alors. Je vais chercher du bois sec, et quelques pierres.

Il part pendant quelques minutes, puis revient en boitillant, les bras remplis de brindilles mortes, qu'il pose en vrac au milieu d'une petite étendue caillouteuse. Il les assemble en un tas, puis allume rapidement un petit feu. Il peste.

J'ai oublié la branche de base...

En effet, à ce rythme, le feu ne durera qu'une vingtaine de minutes, tout au plus...

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

Non.
Vous vous asseyez et vous arrêtez de vous remuer dans tous les sens.
Moi je vais chercher le bois.

J'ai profité de sa brève absence pour... enfin bref. Là, tout de suite ça va beaucoup mieux. Donc, je l'installe sur un coin d'herbe, et je m'éloigne de quelques pas. Il y a un bosquet de saules, et une grosse branche tombée l'année passé sans doute, morte et sèche depuis longtemps. Je l'empoigne et je la traîne vers le petit feu.

Une fois que le lapin sera en train de rôtir, je m'occuperai de sa blessure.

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Luk ouvre la bouche pour protester, mais comprend qu'à priori il n'y avait pas de place pour un débat. Il demeure donc coi, et attend le retour de Shalfaz en sortant son couteau et en ôtant la peau du lapin. Il en est à mi-chemin lorsqu'elle revient.

J'ai presque fini.

Il termine consciencieusement son boulot, attrape un bout de bois et l'enfonce dans la viande tendre, avant de placer la broche improvisée au-dessus du feu.

Rouge ? Cru ? Cuit ?

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

Cuit, si possible...

Je dispose le bois pour allumer un petit feu, quelques secondes suffisent. La bestiole est prête à être rôtie, la broche improvisée reposant entre deux fourches de bois vert. Je peux donc aller à mon cheval et y prendre...

Tiens, te voilà, toi ?

Le gros corbeau est tranquillement perché sur le pommeau de ma selle, et il se nettoie les pattes sans même un croassement de bonjour... Je souris. Pour un peu j'aurais l'impression qu'il me boude...

Je dessangle ma sacoche à remèdes et reviens auprès de Luk. Pendant que je sors de quoi refaire son pansement, je lui fais signe d'ouvrir sa tunique. Puis, je m'approche de lui et me mets au travail.

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Luk s'exécute, et s'oriente pour présenter son flanc blessé à la guérisseuse. Il est dos au feu, et scrute la nuit sans dire un mot. Enfin...durant quelques instants.

Il nous reste une demie journée et un quart de plus avant d'arriver. La moitié en plaine, la moitié en forêt. Si nous voulons nous reposer, mieux vaut le faire en plaine, même si c'est à cheval.

Après la pause infirmerie terminée, ill attrape un morceau de viande et y mord à belles dents.

Délicieux...

Hésitation.

Votre bandage...il tiendra jusqu'à notre arrivée ? Ou un autre arrêt sera-t-il nécessaire ?

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

Ca devrait tenir sans problèmes, si vous ne vous secouez pas trop. Buvez ceci.

Une potion contre la fièvre. J'au dû mettre une bonne couche de feuilles d'argis sans le bandage. La plaie a une couleur que je n'aime pas, blème par endroits, violacé à d'autres...

D'ailleurs quand nous repartirons, ce sera à votre tour de vous reposer. Vous m'indiquerez la route, et si j'ai un doute je vous réveillerai.

Je grignotte un bout de lapin... Pas très faim. Allez savoir pourquoi.

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Un repas ponctué d'un échange de banalités comme on on voit des milliers tous les soirs autour de la soupe plus tard, c'est l'heure de repartir. Il ne reste plus rien du lapin. Luk se lève sans trop de mal et se dirige vers sa monture qu'il enfourche. Il tend le bras, Sud-Ouest-Ouest.

C'est dans cette direction. Il n'y a qu'un sentier, vous ne pouvez pas vous tromper.

Puis il se met à chercher une position un peu moins inconfortable en remuant les fesses sur place, avant d'arborer un sourire satisfait.

Je panse, donc je suis Messages : 42 Date d'inscription : 08/11/2007

J'ai pris les rènes de son cheval et je laisse le mien prendre son allure tranquille. Effectivement le sentier est bien tracé, facile à suivre... Tout en avançant, je jette parfois un regard à Luk, pour m'assurer qu'il reste en équilibre. Et aussi pour voir si la fièvre ne le prend pas... Mais son teint reste pâle et frais en apparence. Je n'ose pas le toucher, ça le dérangerait. Il a besoin de repos, avant tout...

Plume de bronze Messages : 113 Date d'inscription : 04/11/2007

Le dormeur finit par s'éveiller, et les deux voyageurs reprennent à bon rythme leur avancée. Forêt, plaines, forêt, un petit marécage durant quelques minutes, puis de nouveau la forêt. Pas un bruit dans les bas-côtés, pas de menaces apparentes, rien que le pesant silence végétal. Luk s'apaise avec le temps qui passe, et finit même par reprendre des couleurs. Il pointe du doigt.

Regardez, c'est le pont-levis, il est baissé, on va sans doute gagner du temps !

Puis il remarque un détail.

Mais pourquoi est-il baissé...? Une alerte ?

Il éperonne sa monture pour la faire accélérer.

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